vendredi 20 mars 2015

Le petit pensionnaire de madame Delos dite "Man Dette"

Petit pensionnaire, petit gâté puis...petit garçon!
A Pantin, je devais être le seul à connaître cette campagne picarde proche de Laon, ancienne capitale de la France. Moi qui vivais dans la banlieue nord-est, où le gris et la pollution l'emportaient, où le vert et la chlorophylle manquaient cruellement, j'eus la chance de découvrir, de respirer, de goûter tous les parfums, les fleurs, les fruits, au point de les avoir à jamais gravés dans mon esprit.
L'école m'a appris, tant bien que mal, combien font 1 plus 1 et qui étaient les pharaons, ce village m'a transmis l'indicible, ce qu'on n'apprend pas dans les livres, ce qu'on vit, simplement.
Mes parents m'ont donné la vie ; ce village et ceux qui m'y ont accueilli me l'ont fait aimer.
Ce village, c'est Fourdrain, 400 habitants. 

Mes débuts à Fourdrain
Il y a le village, puis il y a Man Dette. J'étais tout gosse, je devais avoir 3 ou 4 ans et ma mère souhaitait me faire quitter la grisaille et le béton. Elle demanda à ma nourrice si ses parents, qui vivaient à la campagne, accepteraient de "me prendre en pension" pour les vacances.
C'est ainsi que je fus envoyé chez Man Dette et son mari, Pa'Achille.
Man Dette, tout un poème! En fait, non, pas vraiment un poème, ni quelqu'un de facile...Dure même.
Dure à la peine, travaillant comme un homme, à la maison, au jardin, aux champs. Dure au coeur immense, en tout cas assez grand pour m'y réfugier.
Ses journée ressemblaient à un tourbillon frénétique et, quand elle ne faisait rien, elle faisait encore quelque chose!
Man Dette a donc accepté, bien qu'elle ne l'ait jamais fait auparavant, de m'accueillir une première fois, pour essayer...On ne s'est ensuite plus quittés pendant près de 10 ans. Dix années qui m'ont conduit de l'enfance à l'adolescence et qui m'ont offert une troisième grand-mère "plus vraie que les vraies"! 
Dans ce village, j'ai non seulement beaucoup appris, mais encore, découvert, nourri et affiné mon imaginaire, celui qui donne des couleurs à l'existence et qui permet, aussi, d'écrire sa vie.

L'église et le cimetière
Comme dans tous les villages, les naissances, les mariages et les enterrements, surtout les enterrements, étaient l'occasion de partager la joie ou le chagrin de ses voisins. Car dans ces villages, tout le monde se connaît et donc, tout le monde est voisin. Avec Man Dette, on allait à presque tous les enterrements. On assistait à la messe puis on suivait, recueillis, les mains jointes, le nez baissé, le cercueil posé sur un corbillard tiré par des hommes. On empruntait la rue d'enfer avant d'aller rejoindre le...paradis. Man Dette prononçait les mots d'usage puis on repartait ranger nos habits sombres jusqu'au défunt suivant.
J'avais aussi le privilège, de temps à autre, de l'accompagner à la messe. Le curé, d'origine belge, disait sa messe et moi je regardais les gens, les filles surtout. J'avais tendance à me tourner et à me retourner, ce qui avait le don d'agacer Man Dette qui finissait par me dire "ça ne se fait pas mon petit garçon".
Jusqu'à mes 10 ou 11 ans, je n'eus pas le droit de quitter la maison et la cour sauf avec Man Dette ou avec ses petites filles, Véronique et Marie-Christine. Man Dette avait peur des voitures "qui roulent trop vite, un accident est si vite arrivé"!

La fête du village
La fête qui avait lieu chaque année au mois d'août tirait le village de sa léthargie, le parfumait aux gaufres et à la barbapapa et l'habillait de confettis et de serpentins. Les forains installaient leurs caravanes, leurs manèges et leurs stands. Devant la maison, c'était monsieur et madame Lenoir, leur chenille et leur manège pour enfants sur lequel je suis monté plus d'une fois.





Moi sur le manège de madame Lenoir en 08/1968


La fête durait une quinzaine de jours et pendant 15 jours, on avait droit à la musique, aux pétards, aux parfums gourmands et aux bruits de carabines. Un peu plus loin, près de l'église, se trouvaient les auto-temponneuses. Une année, le camion qui amenait les éléments de cette attraction s'était enfoncé dans le sol et Man Dette m'avait expliqué que des souterrains existaient sous le village qui devaient servir dans des temps reculés à le relier aux édifices religieux alentour...
Les soirs de fête, nous sortions et parcourions la rue Léon Gruel, dans un sens, puis dans l'autre. Je faisais un ou deux tours de manège puis nous rentrions. Ensuite, j'avais peine à m'endormir car le bruit ne cessait pas avant une ou deux heures du matin. Puis, la quinzaine s'achevait, les forains rangeaient soigneusement leur matériel et le village se rendormait jusqu'à l'année suivante.

Excursion à La Fère
L'une de mes sorties préférées consistait à accompagner Man Dette à La Fère, une ville située à une quinzaine de kilomètres de la maison. C'était sans mentir une véritable expédition. On se préparait longtemps à l'avance pour ne pas rater le car qui passait à heure fixe. Man Dette, s'apprêtait, changeait d'habits et j'aimais l'observer quand elle mettait sa poudre rose sur le visage, une poudre parfumée qu'elle appliquait à l'aide d'un "tempon" puis elle mettait sa touche finale avec du rouge à lèvres.
On enfermait les chiens, Ruby et Souka, un épagneul breton et un malinois, et on se dirigeait vers la place où le car faisait une halte. C'était une sorte d'omnibus qui faisait le tour de tous les petits patelins alentour, jusqu'à La Fère. Là, nous allions dans différents magasins pour acheter ce qu'on ne trouvait pas à Fourdrain. Ensuite, nous passions à la Poste où Man Dette retirait l'argent dont elle avait besoin puis nous terminions notre périple dans un café où je dégustais généralement un chocolat ou un diabolo-grenadine.
Enfin, nous remontions dans le car qui refaisait le même parcours qu'à l'aller, en sens inverse. Lorsque nous arrivions devant la grille de la maison, les chiens  aboyaient déjà car ils avaient reconnu le bruit de notre car et quand Man Dette ouvrait la porte, c'était un peu comme si on libérait deux fauves enfermés depuis des jours et des jours... Ils nous sautaient dessus, nous couvraient de coups de langue tout à fait dégoûtants et Souka, qui avait une longue queue, prenait un malin plaisir à nous fouetter avec.

Le ravitaillement
Pour l'approvisionnement en denrées diverses et variées, Man Dette utilisait 4 moyens : la
production maison (potager, arbres fruitiers, poules, lapins, pigeons, etc.), les commerces de Fourdrain et principalement le Goulet Turpin et le boulanger situé près du Monument aux morts, les commerces de La Fère et de Laon et enfin ceux de la région parisienne grâce à Linette et René qui venaient chaque fin de semaine. Je vous rappelle que c'est grâce à Linette, ma première nourrice, que j'ai connu Man Dette qui était sa mère. En déménageant d'Aubervilliers à Pantin, j'ai quitté Linette mais j'ai continué à la voir à Fourdrain. Lors de chaque vacances, mes parents me déposaient à Aubervilliers, chez Linette et René qui m'emmenaient à Fourdrain. Je me souviens de leur 403 Peugeot bleue, des sièges moelleux dans lesquels on s'enfonçait, de la couverture posée dessus et de la route qu'on empruntait, immuable : Aubervilliers, Dammartin-en-Goële et la Nationale 2, Nanteuil-le-Haudoin, Vauciennes, sa sucrerie et ses...effluves, Villers-Cotterets, Soissons, Anizy-le-château, Faucoucourt, Cessières, Bucy-lès-Cerny, la Nationale 44 et enfin Brie puis Fourdrain.

A la fin des grandes vacances, sur la route du retour, nous passions devant la fête de l'Humanité. René s'arrêtait avenue Jean Jaurès, au pied de mon immeuble, il klaxonnait et mon père descendait les 5 étages pour me récupérer, moi et ma valise. Je venais de vivre plus de 2 mois à Fourdrain qui était...un tout autre monde que les 4 chemins de Pantin!
Arrivé chez moi, j'ouvrais ma valise et j'étais très fier d'en extraire :
- des "vrais" oeufs de poules
- un "vrai" lapin
- du "vrai" miel
- de la confiture maison "pas trafiquée"
Chaque fois, avant de repartir, Man Dette ma disait : "tiens, prends ça mon petit garçon, c'est naturel, sans colorants, on sait d'où ça vient et ce n'est pas à Pantin que tu trouveras ça!"

Des gens étonnants
Aurais-je assisté au tournage d'un film avec des personnages dignes du film Delikatessen?
Dans le village, on pouvait croiser des êtres vraiment étonnants. Me reviennent, pêle-mêle
Tiot jean qui vendait ses services à la journée et qui se faisait payer, partiellement, en liquide(s)...100 coups de bêche, 2 coups de canon! 
Miss "féraille" (je ne suis pas sûr de toujours bien écrire leurs surnoms...) qui tenait l'ancien café-épicerie Bonnard-Leroy sur la place et qui était appelé ainsi parce qu'il récupérait tout ce qui était en métal. L'épicerie, tenue par sa mère, était une grande pièce sombre, assez crasseuse, dans laquelle on venait parfois chercher ce qu'on ne trouvait jamais.
Miss "peaux de lapins", une petite vieille qui arpentait les rues en quête de quelques peaux et je me demande encore comment elle pouvait subsister avec son métier de misère... Un jour,
on la retrouva sans vie, dans sa masure de la rue des Vénocques, au beau milieu d'un fatras de journaux, de vieux papiers, de peaux, de sacs et d'une multitudes de bouts de riens.
Man Dette aussi faisait sécher ses peaux de lapins qu'elle garnissait de paille et accrochait dans la grange.Une fois sèches, elle les cédait pour quelques francs.
Il y avait encore un rémouleur, qui passait de temps à autre pour aiguiser les lames.
Ces petits métiers et ces gens ont aujourd'hui disparu mais ils subsistent dans nos mémoires et ne sont pas près de les quitter.


On mange tout ce qu'on a dans l'assiette!
C'est à Fourdrain que j'ai appris - parfois contraint et forcé - à manger presque de tout. Certains plats sont terribles quand on est gosse, surtout pour un petit parigot. les abats par exemple, les rognons, les andouillettes, etc. J'ai évité les tripes, mais j'avais droit au reste.
Du pigeon aux oies en passant par les poules, les faisans, les lapins, le mouton, le cochon et bien sûr, le cheval.
Le cheval, c'était le samedi midi ; un vrai rituel, un peu comme le tiercé, mais, chez Man Dette, le cheval était toujours perdant et finissait immanquablement dans l'assiette!
Tous les samedis, on pouvait entendre la corne bruyante du boucher-chevalin qui faisait sa tournée en camion.
Chez Man Dette, il y avait 2 principes incontournables :
Le 1er : On ne devait jamais dire : je n'aime pas ça
Le 2ème : On ne devait rien laisser dans l'assiette
Ne rien laisser dans l'assiette, c'était encore un précepte en rapport avec le rationnement et la guerre, le coût de la nourriture, la faim dans le monde, en un mot : il était obligatoire de manger de tout et de tout manger! Et c'était parfois très dur. Un jour, j'avais demandé avec insistance du gâteau de riz. Man Dette n'avait pas le temps de le faire mais, à force d'insister,
elle finit par craquer et me faire plaisir. Arrive l'heure du déjeuner, puis celle du dessert. Je ne sais plus comment j'ai pu oser lui dire que je n'avais plus faim et surtout plus envie de gâteau de riz. Je m'en rappelle encore. "Mon petit garçon, tu m'as demandé de te préparer ce dessert alors maintenant, il va falloir le manger". Je me suis entêté, elle aussi. Vers 17 heures, j'étais toujours à table devant mon assiette. A 17h15, j'ai fini par en prendre une cuillère et j'ai eu le malheur de tout rendre... La suite me laissa quelques marques sur les fesses, je m'en souviendrai toujours!
A table donc, Man Dette ne passait rien ; rien aux adultes et moins que rien aux enfants. On
devait non seulement tout manger, mais encore se tenir correctement, ne pas mettre son coude, plier sa serviette, ne rien donner aux chiens, ne pas trop parler, ne pas trop boire en mangeant et j'en passe. Le coude à table, c'était une sorte de crime suprême et les représailles ne tardaient pas. Man Dette disait une première fois : "retire ton coude mon garçon!". Une fois, une seule, ensuite, clac! Un coup sec de manche de couteau sur la main.
Je peux vous assurer que ça vous vaccine pour très longtemps contre les coudes sur la table.
Et ça se transmet car aujourd'hui, j'embête mes enfants avec ça! 

La table était le lieu de toutes les retrouvailles et des discussions les plus passionnées. On prenait le temps de manger et de bien manger. On se retrouvait chaque matin, assez tôt, autour d'un café ou d'un chocolat (Van Houten non sucré...) et c'était alors un défilé de tartines pain-beurre-confiture maison (j'adorais la gelée pommes-coings de Man Dette!), 
de pâté, de jambon, d'oeufs au plat, de fromage qui devaient permettre d'effectuer les travaux les plus harassants et de patienter jusqu'au déjeuner.


La fenaison
J'aimais par-dessus tout la fenaison. Avec le temps des foins revenaient les journées passées hors de la maison et, c'était comme un voyage, comme des vacances au coeur des vacances...
Nous partions le matin après que Man Dette eût pris soin de tout préparer : les casse-croûte, la boisson, les desserts (des fruits), le goûter (des petits LU ou des gros goûters BN qui collaient bien aux dents), les deux chiens Souka et Ruby, la carriole, la faux, la pierre à faux, le grand râteau de bois, les cigarettes et le briquet. Lorsque nous partions la journée, nous allions aux Vertefeuilles de l'autre côté de la RN 44.
Man Dette attachait les chiens de part et d'autre de la carriole et moi, je me retrouvais assis dedans, tel un pacha! Je n'éprouvais aucun complexe à traverser ainsi le village, regardant à droite et à gauche, me délectant à l'avance pour les heures délicieuses que j'allais vivre. Evidemment, Man Dette ne pouvait en dire autant car le travail des foins est long, pénible et ingrat. Des heures à faucher, à aiguiser la lame, à rassembler l'herbe en tas, des heures tout juste entrecoupées par quelques poses "cigarettes".
Le soir, nous rentrions comme nous étions venus, sauf lorsque l'herbe avait séché et qu'elle s'était transformée en foin ; je finissais alors juché au sommet du tas que Man Dette avait pris soin de disposer dans la carriole et d'un coup, d'un seul, après avoir été simple pacha, je devenais empereur, l'Empereur des champs et des bois, des chiens et des abeilles! 
Puis, mon règne s'achevait brutalement devant...la grille de la maison. Je descendais alors de mon trône et je redevenais simple quidam. 


Le bon lait de M. et Mme Flomont
Le lait venait de la ferme et nous allions le chercher presque chaque soir. Nous partions avec une timbale en métal, nous empruntions la rue du chat rouge, ainsi baptisée parce qu'un chat de terre rouge guettait du haut de son toit, puis nous prenions la rue Bocquette sur la droite et enfin à gauche dans la petite cour de la ferme de M. et Mme Flomont. Le lait nous attendait là, fumant, recouvert d'écume, tout juste sorti du pis de la vache.
Madame Flomont attrapait une sorte de grosse louche ou plutôt une mesure, la plongeait dans le liquide immaculé et la versait avec habileté dans la timbale. Les gens défilaient presque religieusement devant les grandes jattes en terre cuite.
Je me souviens de la "boîte à sous" de Madame Flomont, une vieille boîte à biscuits un peu cabossée dans laquelle elle mettait l'argent qu'elle recevait, des pièces surtout.
J'allais seul, parfois, chercher le lait et je pressais le pas au risque d'en renverser. Les rues étaient mal éclairées et les maisons, les cheminées, les arbres, le moindre objet dessinait autour de moi des ombres inquiétantes qui me poursuivaient. De retour à la maison, Man Dette me disait "eh bien mon petit garçon, tu as dû courir pour être essoufflé comme ça! Tu
étais donc si pressé de rentrer?" Elle ne pensait pas si bien dire et si je lui avais parlé des formes monstrueuses qui me suivaient à l'aller comme au retour et des risques que j'avais pris, elle aurait ri et m'aurait répondu que la seule chose sérieuse qui aurait pu m'arriver, c'eût été de tomber avec le lait.


1969
Bon, que diriez-vous si on vous demandait ce qui vous a marqué cette année-là?
La sortie du 1er album de Led Zeppelin? L'élection de Nixon? Le 1er vol du Concorde?
La 1ère implantation d'un coeur artificiel? La démission de De Gaulle? La noyade de Brian Jones? Woodstock?
Eh bien pour moi, rien de tout ça, seulement les oreillons en juillet, au cours de mes vacances à Fourdrain. Bon, je plaisante, au même moment, les américains marchaient tout de même sur la lune, ce n'est pas rien! J'oubliais, il me revient aussi la victoire de Merckx qui avait fait enrager Pa'Achille mais pas son voisin, M. Marin ni Monsieur le curé, tous deux
d'origine belge. Pas besoin de mettre le son du téléviseur, c'est eux qui assuraient le commentaire et je peux vous assurer qu'ils y allaient de bon coeur. Et lorsque les deux compères bataves repartaient, on pouvait les entendre encore discuter dans la rue du coup de pédale d'untel ou de la défaillance d'un autre.
En ce joli mois de juillet, je souffrais donc des oreilles, j'avais toutes les peines du monde à déglutir et je restais alité une grande partie de la journée.
Est-ce cette année-là ou la suivante que je fis la connaissance de Chantal, une petite hollandaise qui venait passer quelques jours chez ses grands-parents? Qu'importe, ce que je sais, c'est qu'elle me plaisait bien. Ses grands-parents, des gens plutôt austères, habitaient la grande maison qui jouxte celle de Linette et René. Man Dette les avait connus pendant la guerre alors qu'ils s'occupaient d'une ferme, c'est en partie chez eux qu'elle allait se ravitailler. 
Lorsque je croisais Chantal, je devais ressembler à un petit merlan à l'oeil fatigué...Je la regardais de biais, intimidé par sa blondeur et sa beauté. Un jour, nous croisâmes sa grand-mère qui nous apprit que la belle était souffrante. J'avais alors trouvé le courage de dire que je souhaitais lui apporter un petit présent pour la réconforter. L'après-midi, je me retrouvai en tête à tête avec ma princesse du nord. Elle était allongée dans une pièce du rez-de-chaussée de cette grande demeure sombre et silencieuse. 
Je me suis avancé vers elle en tremblotant et je lui ai tendu un petit carton sur lequel était logée une série de médailles sur Napoléon éditée par Total. Un vrai trésor! J'eus droit à un baiser. Un souvenir charmant, léger, d'une fraicheur inégalée.




Le poste de radio, Europe N°1 et les chansons de mon enfance
Le poste de radio de couleur jaune pâle qui présidait dans la cuisine, sur une petite tablette en bois, fonctionnait du matin et soir. La fréquence était calée sur Europe N°1. Je ne suis pas sûr que Man Dette prêtait attention à tout ce qui passait sur les ondes, mais elle était habituée à ce bruit de fond qui l'accompagnait sans discontinuer tout au long de "son ouvrage". Pour ma part, j'étais particulièrement attentif aux histoires extraordinaires de Pierre Bellemard et je n'oublie pas non plus le carillon qui résonnait toutes les heures et qui annonçait les informations. 
Puis il y avait les chansons, les tubes, qu'on entendait plusieurs fois par jour, je me souviens entre autre de Wight is Wight de Michel Delpech,  In the summertime de Mungo Jerry, My lady D'Arbanville de Cat Stevens, Sympathy de Rare Bird, Me and Bobby Mac Gee de Janis Joplin, Angie, Money, Smoke on the water...sans oublier My sweet lord de Mister George, les Poppys à noël 70, Shaft d'Isaac Hayes, Fais comme l'oiseau de Fugain, les Martin Circus, Clapton, Souchon, Gainsbourg, Porque te vas de Jeanette, Il voyage en solitaire de Manset, I'm not in love de Ten CC, J'ai encore rêvé d'elle, Les mots bleus, Le sud, etc, etc.
Toutes ces chansons, je les ai entendues soit à la radio,  soit avec Marie Christine, la plus jeune des petites filles de Man Dette, soit à la fête foraine. Je me revois encore, en plein été, ce devait être en 70 ou en 71, dégustant des glaces à l'eau au sirop de cassis ou de framboise maison, confectionnées par Véronique l'aînée des petites filles. En fait, il me semble que nous avons beaucoup écouté Sympathy de Rare Bird sorti en 1970 et surtout, Move over de Janis Joplin en 1971...Quand je pense qu'elle était encore en vie...J'ai aimé et j'aime toujours!
Merci, merci, merci.


Je quitte la cour
Dès que j'eus la permission de quitter la cour, vers mes 10 ou 11 ans, je n'eus de cesse de parcourir chaque chemin, chaque pâture, chaque lieu-dit et chaque bois. Je voulais tout voir!
C'est ainsi que je découvris d'anciennes carrières situées au "sommet" de la Tombelle qui culmine à 176 mètres. Pour s'y rendre, on passait soit par Brie, soit par la côte des Cafards 
jusqu'à la RN44 puis on obliquait à gauche après un cimetière.
A l'époque, la Tombelle servait de champs de manoeuvres aux militaires de la région. Sur place, on y trouvait çà et là des restes de "guerres" sous la forme de balles en plastique et de débris de grenades à plâtre. 




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