dimanche 21 mai 2017

La forêt de Saint-Gobain - L'abbaye de Saint Nicolas aux bois - Le Tortoir

Les promenades que nous faisions, à pieds ou à vélo, principalement avec Véronique la petite fille de Man Dette, passaient assez souvent par Le Tortoir qui faisait partie du domaine de l'abbaye de Saint Nicolas aux bois située à quelques encablures de Fourdrain dans la forêt de Saint Gobain.
Ainsi, très jeune, j'ai pu découvrir ce lieu impressionnant chargé d'histoire. Ce site, majestueux, dont les origines se perdaient dans le temps et dans l'espace, retiré de tout, enveloppé de silence, entouré d'eau, était pour moi aussi mystérieux qu'inquiétant. Je ne m'en suis d'ailleurs jamais trop approché.























































L'abbaye de Saint-Nicolas-aux-bois

Histoire :
Petit village de l’ancien Laonnois, situé au milieu de la foret de St-Gobain, à 15k de Laon, autrefois de l’intendance de Soissons, du bailliage de Chauny, élection et diocèse de Laon, aujourd’hui du canton de La Fère, arrondissement de Laon, diocèse de Soissons.

Le village de St-Nicolas doit sa naissance à une abbaye de moines bénédictins, qui fut fondée dans les dernières années du 11e siècle, sur son terroir alors désert et sauvage. Cette maison religieuse, qui acquit promptement de grands biens, ne put échapper, malgré son isolement, aux malheurs dont eurent tant à souffrir les établissements de ce genre aux 14e ,15e siècles.
Après l’avoir pillé une première fois, les Anglais revirent en 1403, et tuèrent son abbé. Quinze ans après, ils la pillèrent de nouveau et massacrèrent beaucoup de monde qui s’y était réfugié. Les calviniste achevèrent sa ruine en 1567, en en enlevant tout ce qui s’y trouvait de précieux ; mais la paix s’étant enfin rétablie, une bonne administration rétablit si bien les affaires de cette abbaye, qu’au moment de la révolution ses revenus s’élevaient à environ 40,000 liv. on y comptait alors 5 religieux.
Au 14e siècle, les habitants de St-Nicolas n’ayant pu obtenir leur affranchissement des religieux dont ils étaient les serfs, abandonnèrent leur village et aillèrent établir ailleurs,. Aucune menace s’ayant pu les déterminer à revenir, l’abbé de St-Nicolas leur accorda, en 1401, le rachat de la morte-main de leurs biens, moyennant 5 sous parisis par tête. Au commencement de 12e siècle, ce village n’était encore qu’une annexe de la paroisse de St-Pierre de Crépy ; mais en 1403, Enguerrand, évêque de Laon, l’érigea en cure à cause de l’accroissement de sa population ; elle était, dit-on, devenue assez considérable, lorsque l’édit de Nantes la dispersa, les habitants ayant pour la plupart embrassé la religion protestante.
Dans la foret, à peu de distance des ruines de l’abbaye, on voit un petit monument en pierre, composé d’un fût de colonne surmonté d’une croix . il fut élevé au milieu du 13e siècle, en souvenir de trois jeunes élèves de l’abbaye qui , ayant été surpris chassant dans les bois du sire de Coucy, furent pendus aux branches des arbres par les gardes de ce seigneur sans aucune forme de procès. Cette exécution sauvage donna lieu à un procès qui fut plaidé devant St Louis. Ce prince voulut punir le sire de Coucy de la peine du talion, et ce dernier ne sauva sa vie qu’à grand peine. Culture en 1760, 3 charrues, 60 arpents de prés, 600 arpents de bois. 




Le Tortoir est un prieuré fortifié qui se situe dans la commune de Saint-Nicolas-aux-Bois, dans le département de l'Aisne, dans la forêt de Saint-Gobain. L'édifice a été classé Monument historique le 1er août 1912.

Construit le long du vallon Saint-Lambert, sur l'emplacement d'une ancienne chapelle.
Il était alors une dépendance de l'abbaye de Saint-Nicolas-aux-Bois qui avait été fondée par Philippe Ier vers 1080. Ce monastère avait fondé un autre prieuré à l'autre extrémité du vallon. Cet ensemble monastique permettait de mettre en valeur la région.
Le Tortoir est donné à l'abbaye de Saint-Nicolas-aux-Bois par Guy, trésorier du chapitre cathédral de Laon, contre une redevance annuelle. Une charte de l'évêque de Laon Barthélemy de Laon datant de 1139 confirme cette donation du Tortoir sous l'appellation villa de Tortorium. Le terme de villa peut laisser penser que ce n'était alors qu'une ferme. Le domaine se trouvait à proximité de l'église paroissiale Sainte-Geneviève démolie au xviiie siècle. En 1196, l'abbé de Saint-Crépin-le-Grand de Soissons, puis en 1214 l'abbé de Saint-Vincent de Laon cèdent les biens qu'ils possèdent au Tortoir à l'abbaye Saint-Nicolas.
C'est au xiiie siècle que des bâtiments résidentiels ont dû être ajoutés car en 1285, après avoir abandonné ses fonctions, l'ancien prieur de Saint-Nicolas-des-Bois obtint de se retirer au Tortoir avec son chapelain et trois domestiques.
Les bâtiments actuels s'ordonnent sur un plan carré. Deux côtés,nord et ouest, sont occupés par des murs. Une chapelle formé de deux travées barlongues voûtées d'ogives se trouve sur le côté sud qui était relié d'après un plan de 1646 à un logis placé à l'ouest. Un grand bâtiment se trouve sur le côté est.





La chapelle et le bâtiment oriental
Ce dernier bâtiment de dimensions considérables, long de 28 mètres et large de 10 mètres, à un étage à l'origine, a fait l'objet de nombreuses suppositions sur sa fonction. Viollet-le-Duc y voyait une maladrerie, Camille Enlart en faisait le logis de l'abbé de Saint-Nicolas, Eugène Lefèvre-Pontais proposait d'y voir un réfectoire et dortoir des hôtes de l'abbaye, Thierry Crépin-Leblond en faisait une maison abbatiale. L'architecture du bâtiment se rapproche de celle de la galerie des Merciers du Palais royal de l'île de la Cité à Paris construite par saint Louis mais cette datation semble trop précoce. Les dernières propositions font remonter ce bâtiment au premier quart du xive siècle en le faisant construire par l'abbé Thierry II ou Théodoric de Suisy (vers 1328-1360). Son oncle Étienne de Suisy avait été nommé chancelier par Philippe IV, en 1302, puis cardinal par le pape Clément V en 1305.
En 1567 les protestants ravagent l'abbaye de Saint-Nicolas-aux-Bois. Bien qu'aucun texte ne concerne Le Tortoir, il est probable que ses bâtiments ont subi le même sort. En 1604 et jusqu'à la Révolution, les terres sont louées à des fermiers.
Un manuscrit de 1667 cite des travaux importants réalisés au Tortoir en 1660. Ces travaux avaient été laissés inachevés faute d'argent.
En 1791, les biens du clergé étant sécularisés, Le Tortoir est acquis par une famille de cultivateurs qui l'a conservé jusqu'en 1883.
Le Tortoir est acquis en 1925 par la Société industrielle et agricole de la Somme qui avait été créée par l'industriel belge Coppée. Il souhaitait en faire un domaine d'expérimentation agricole. Il a alors confié à l'architecte belge Vanden l'aménagement des bâtiments. Le grand bâtiment est transformé en étable. Les ouvertures sont bouchées pour consolider la façade. L'architecte en chef des monuments historiques Jean Trouvelot présenta un projet de restauration non réalisé du fait de la guerre.
Il est aujourd'hui une propriété privée.
Construit le long du vallon Saint-Lambert, sur l'emplacement d'une ancienne chapelle.
Il était alors une dépendance de l'abbaye de Saint-Nicolas-aux-Bois qui avait été fondée par Philippe Ier vers 1080. Ce monastère avait fondé un autre prieuré à l'autre extrémité du vallon. Cet ensemble monastique permettait de mettre en valeur la région.
Le Tortoir est donné à l'abbaye de Saint-Nicolas-aux-Bois par Guy, trésorier du chapitre cathédral de Laon, contre une redevance annuelle. Une charte de l'évêque de Laon Barthélemy de Laon datant de 1139 confirme cette donation du Tortoir sous l'appellation villa de Tortorium. Le terme de villa peut laisser penser que ce n'était alors qu'une ferme. Le domaine se trouvait à proximité de l'église paroissiale Sainte-Geneviève démolie au xviiie siècle. En 1196, l'abbé de Saint-Crépin-le-Grand de Soissons, puis en 1214 l'abbé de Saint-Vincent de Laon cèdent les biens qu'ils possèdent au Tortoir à l'abbaye Saint-Nicolas.
C'est au xiiie siècle que des bâtiments résidentiels ont dû être ajoutés car en 1285, après avoir abandonné ses fonctions, l'ancien prieur de Saint-Nicolas-des-Bois obtint de se retirer au Tortoir avec son chapelain et trois domestiques.
Les bâtiments actuels s'ordonnent sur un plan carré. Deux côtés,nord et ouest, sont occupés par des murs. Une chapelle formé de deux travées barlongues voûtées d'ogives se trouve sur le côté sud qui était relié d'après un plan de 1646 à un logis placé à l'ouest. Un grand bâtiment se trouve sur le côté est.



La forêt de Saint Gobain




Situé à l’ouest de Laon sur une superficie de  8.470 ha entre la vallée de l’Oise au nord et le canal de l’Oise à l’Aisne au sud, ce massif forestier, composé d’anciens bois seigneuriaux, de bois privés, de bois royaux et de bois ecclésiastiques, est l’un des plus grands massifs de la région après les forêts de Compiègne et de Retz. Il est principalement constitué de chênes (41%) et de hêtre (34%), mais on y trouve également une grande diversité d’essences : frênes, merisiers, châtaigniers, bouleaux, érables, aulnes…

Les arbres que vous voyez aujourd’hui sont issus d’une gestion en taillis sous futaie. Elle permettait à la fois la production de bois d’œuvre (arbre de futaie) et la production de bois de chauffage (coupe tous les 15 à 30 ans du taillis). Pour répondre aux évolutions des besoins, il a été décidé de privilégier la production d’arbres de futaie et donc de convertir sur plusieurs décennies le peuplement de taillis sous futaie en futaie. Aujourd’hui, de grands arbres (hêtres et chênes) côtoient des individus plus jeunes (châtaigniers, bouleau, érable), parfois issus de cépées (charmes). Le peuplement est composé d’au moins sept espèces et est constitué d’arbres de tous âges.
Tous les huit ans, un forestier passe sur les parcelles afin de juger, arbre par arbre, de sa place et son rôle dans le peuplement. Une fois la décision prise, il utilise la partie en forme de hachette de son outil pour enlever un morceau d’écorce et faire un blanchis, avant de retourner son marteau muni d’un poinçon et de frapper l’arbre pour apposer l’empreinte de l’Administration Forestière (les initiales « AF »). Chaque arbre martelé est alors mesuré (diamètre et hauteur) pour préparer la vente des bois. Un exploitant forestier procèdera alors à l’abattage et au débardage de ces bois.
Certains de ces arbres seront classés « arbres remarquables » et dès lors protégés. C’est le cas de ces 3 arbres qui nous ont été signalés sur notre forum par « joce » et « mathide » que je remercie au passage.

Le chêne de l'Europe

D'une hauteur de 44 mètres pour une circonférence de 4,40 m, son âge peut être estimé à 250 ans environ.


le chêne des trois fillettes

D’une hauteur de 42 m pour une circonférence de 4,50 m, il serait âgé de 240 ans environ.



puis en forêt de Coucy Basse :

Le chêne Geneau

Grand et magnifique chêne bien indiqué par un panneau sur le bord de la D 937 entre Pierremande et Folembray à l'angle de la route forestière du Praast en direction du Rond d'Orléans. Le chêne est en retrait de la route forestière avec un petit parking.
D'une hauteur de 46 m pour une circonférence de 7,30 m il aurait entre 340 et 360 ans.


l y a 15 ans la hauteur était de 34 m et la circonférence était mentionnée pour 6,88 m sur le panneau de l'ONF. Cet arbre est donc vigoureux et en pleine maturité.

A noter que nos deux « internaute » ont pris sur place, le 11 avril 2009, la circonférence de ces arbres à 1,30 m du sol avec une cordelière graduée et qu’ils ont calculé leur hauteur avec une croix de bûcheron.
Quelques données maintenant sur ce massif, données relevées sur les différents panneaux forestiers que nous avons pu relever lors de notre propre visite…

Saint Gobain, une origine irlandaise !

La forêt de Saint Gobain doit son nom au moine irlandais « Goban » venu pour évangéliser la Gaule au début du 7ème siècle. Fatigué de son voyage et intrigué par les curieuses roches de ce site, il décide de s’y reposer quelques instants. A son réveil, en reprenant son bâton de pèlerin enfoncé dans le sol, il aurait fait jaillir une source offrant une eau d’une pureté remarquable. Conforté par cet événement, il décide d’installer en ses lieux son ermitage.

Les sires de Coucy

« Roi ne suis, ne prince, ne comte, je suis le Sire de Coucy ». Partie intégrante du manteau forestier qui s’étendait des frontières du Parisis jusqu’en Thiérarche, ces deux forêts ont été individualisées à la suite des grands défrichements du Moyen-âge. Elles ont appartenu du Xème siècle à la fin du XVIème siècle aux Sires de Coucy, qui édifièrent à Coucy-le-Château une des plus formidables forteresses de l’Europe.

Un milieu naturel diversifié

Le massif de Saint Gobain, véritable butte-témoin culminant à plus de 200 mètres, présente une diversité écologique remarquable où s’entremêle des hêtraies à sous bois de houx, des hêtraies à jacinthes des bois ou encore des aulnaies marécageuses… Les vallons au relief marqué, les étangs, les mares et les marais participent à la biodiversité.

L’avifaune y est particulièrement intéressante. Le pic noir, le pic mar et la bondrée apivore y trouvent un habitat très favorable. L’ensemble du massif est d’ailleurs intégré au réseau écologique européen « Natura 2000 »

Les rochers de l’Ermitage

Ils sont constitués de pierre à liards, un calcaire presque essentiellement constitué par l’accumulation de fossiles (Nummulites laevigatus) ressemblant à une pièce de monnaie de l’ancien régime : le liard.

Source de Fontaine à la Goutte
Elle avait pris résurgence entre les racines d'un arbre;
Sa présence n’est pas due au hasard, mais aux différentes couches géologiques cachées sous vos pieds.
Il s’agit de la résurgence d’une nappe d’eau « perchée », retenue par la couche imperméable formée par l’argile de Saint-Gobain. Cette argile a formé une véritable ligne de sources à environ 180 mètres d’altitude, comme celle à l’origine du domaine de Charles Fontaine.
Ces sources ont rapidement été réputées pour offrir de l’eau particulièrement pure ; l’importance de l’eau dans le massif ne cessera alors de croitre, comme en témoigne la mise en place de 12 étangs jalonnant la vallée de Saint-Nicolas au XVIIIème siècle, couvrant une superficie de plus de 34 hectares. Le poisson y était abondamment élevé par les moines… ainsi le 26 décembre 1761, dans l’étang de la papeterie ou Papilloterie près du Tortoir, il a été consigné la capture de 22.557 carpes, 20 brochets, 150 perches et autres écrevisses, tanches, et menu fretin ! Nul doute que la vie austère des moines de l’abbaye en était largement améliorée…
L’énergie hydraulique était également largement exploitée par des moulins et la ressource en eau utilisée pour les industries, notamment les verreries, et bien sûr par les habitants du village de Saint-Nicolas-aux-bois.




La Manufacture de glaces de Saint-Gobain 

Vue générale de la Manufacture


Les débuts de la Manufacture des glaces, créée en 1665 par Jean-Baptiste Colbert pour contrer la suprématie vénitienne dans le domaine de la « glace » (verre de grande qualité servant à fabriquer les miroirs), sont assez rocambolesques. Des capitaux privés, provenant pour une part de la clientèle de Colbert, sont le socle de la nouvelle Manufacture des glaces. Si le monopole et les exemptions de taxes accordés à la Manufacture sont des atouts considérables, le montage de capitaux est instable et les secrets de fabrication sont difficiles à arracher aux Vénitiens… Malgré ses débuts laborieux, la Manufacture du XVIIIe siècle connaît un essor remarquable des ventes : le miroir reste un objet de luxe mais devient plus accessible à toute une frange de la population. Par ailleurs, s’il reste un objet personnel, il est désormais également une pièce d’un dispositif décoratif, avec la généralisation de la glace trumeau, rendue possible par un nouveau procédé : le coulage en table inventé dans les années 1680 et exploité sur le nouveau site de la Manufacture qui se trouve à Saint-Gobain, en Picardie.









Coulée en table d’une glace à l’usine de Saint-Gobain
en présence du directeur Pierre Delaunay-Deslandes (à gauche),sanguine, non attribuée, vers 1780.
© Coll. Saint-Gobain

Du XVIIIe siècle, Saint-Gobain va garder plusieurs traits qui vont dessiner les contours de l’entreprise du XIXe siècle : une direction collégiale très marquée (les statuts de la société anonyme de 1830 donnent le pouvoir davantage au conseil d’administration qu’au président), un actionnariat de familles, les banquiers protestants du XVIIIe étant remplacés par les familles catholiques de l’aristocratie ou de la grande bourgeoisie, une prise en charge de tous les aspects de la vie des ouvriers qui atteint son apogée pendant la présidence d’Albert de Broglie, conseillé par Augustin Cochin, chantres tous deux du catholicisme social.


De manière provocatrice, on pourrait dire que les procédés de fabrication de la glace ne subissent pas d’évolution fondamentale jusqu’au début du XXe siècle : comme au XVIIIe, on fait fondre à très haute température les matières premières dans des pots dont le contenu est ensuite versé sur une table métallique puis laminé par un rouleau. Les perfectionnements du XIXe siècle concernent surtout les fours (apparition du four Siemens) et la mécanisation des longues opérations de douci (abrasion de la glace pour la rendre plane) et poli (pour lui donner sa transparence). La glace, plus épaisse et plus régulière que le verre à vitres, connaît au XIXe siècle un âge d’or dû en particulier à la multiplication des édifices publics qui ont recours à de grandes surfaces vitrées, comme les halles ou les gares. La glace n’est en effet plus seulement destinée aux miroirs.



C’est au début du XIXe siècle qu’intervient la première grande diversification. Saint-Gobain se dote d’une soudière pour ses propres besoins (le verre étant fabriqué à base de soude, de sable et de chaux) et a rapidement l’idée de commercialiser l’excédent. En 1872, la fusion avec la société Perret-Olivier, premier producteur français d’acide sulfurique, conforte Saint-Gobain dans cette activité dont les engrais sont un débouché intéressant qui fera connaître le nom de Saint-Gobain dans les campagnes. La raison sociale de Saint-Gobain est pendant plus d’un siècle : « Manufacture des glaces et produits chimiques de Saint-Gobain, Chauny et Cirey. » À la fin du siècle, le chiffre d’affaires de Saint-Gobain se répartit à égalité entre le verre et la chimie.



L’histoire du XXe siècle est marquée par l’accélération du temps et par l’extension du domaine de la lutte ! Saint-Gobain qui était présent en Allemagne depuis 1857 s’implante en Italie (1888), en Belgique (1898), aux Pays-Bas (1904) et en Espagne (1905). Au sortir de la Première Guerre mondiale qui a beaucoup éprouvé la branche verrière, tandis que la branche chimique était mise au service de l’effort de guerre, Saint-Gobain, met en oeuvre une véritable politique de recherche, avec des laboratoires dédiés, et s’engouffre dans tous les secteurs verriers : verre creux (bouteilles), verres spéciaux (optique, création de la société Pyrex), fibre de verre… tandis que de nouveaux procédés rendent la distinction entre glace et verre à vitres moins pertinente. Par ailleurs, la coulée continue est mise au point, qui permet de fabriquer du verre en grandes quantités plus rapidement. Grâce à l’invention de la glace trempée (brevet Sécurit), Saint-Gobain conquiert le marché naissant de l’automobile. Il renforce sa présence dans le bâtiment, l’architecture moderne faisant la part belle au verre. Saint-Gobain surmonte la crise des années 1930 puis la guerre et retrouve la croissance dans les années 1960 grâce au verre plat et à la laine de verre (Isover). C’est à cette époque que le procédé révolutionnaire du float (verre flottant à la sortie du four sur un bain d’étain rendant inutiles les opérations de douci et de poli), toujours en vigueur aujourd’hui, est mis au point par le rival Pilkington. Après l’OPE (offre publique d’échange) manquée de BSN (Boussois-Souchon-Neuvesel) sur Saint-Gobain, le groupe qui est en difficulté sur le plan financier s’allie en 1970 à l’entreprise Pont-à-Mousson (PAM), fabricant de tuyaux de fonte.
S’ouvre une nouvelle période, celle des capitaines d’industrie : Roger Martin, venu de PAM, réorganise le nouveau groupe issu de la fusion et cède plusieurs activités dont la branche chimie Péchiney-Saint-Gobain. Roger Fauroux assure pour sa part la délicate période de la nationalisation qui s’ouvre en 1982. Jean-Louis Beffa, nommé président en 1986, a pour première mission la privatisation, qui est un grand succès. Il internationalise le groupe (on passe de dix-huit à soixante-quatre pays) et le diversifie avec l’acquisition majeure de Poliet (réseaux Point.P et Lapeyre) qui fait entrer Saint-Gobain dans le monde du négoce de matériaux de construction (45 % du chiffre d’affaires aujourd’hui). Pierre-André de Chalendar, qui préside le groupe depuis 2010, centre la stratégie sur l’habitat avec un portefeuille très diversifié de produits dans lequel le verre ne représente plus que 12 % du chiffre d’affaires.
Saint-Gobain a accompli bien des révolutions depuis 350 ans mais en douceur, avec des dirigeants souvent issus du groupe et des salariés (qui détiennent aujourd’hui 7,5 % du capital) particulièrement attachés à leur entreprise. Saint-Gobain envisage l’avenir avec la sérénité et la philosophie de ceux qui ont traversé les siècles, les révolutions politiques et industrielles, les guerres, et qui ont su changer avec le monde qui les entourait sans se renier.

Marie de Laubier
archiviste paléographe
conservateur général des bibliothèques
directeur des relations générales de Saint-Gobain

La Manufacture de nos jours...








L'Abbaye de Prémontré

Ordre séculier


Première assemblée de Norbert de Xantem et ses premiers disciples en la forêt de Laon.
L’ordre des chanoines réguliers de Prémontré fut l’un des ordres religieux parmi les plus puissants en Europe pendant sept siècles et compta jusqu’à 614 monastères. Il est né au coeur de la forêt de Saint-Gobain en 1120 lorsque Barthélémy de Joux, évêque de Laon, offrit à Norbert de Xanten des terrains au lieu-dit de Prémontré pour y fonder sa communauté. Les Prémontrés, également connus sous le nom de Norbertins, sont à la fois missionnaires, chanoines et pasteurs. 


L'abbaye de Prémontré, xviiie siècle.

Le superbe escalier
La chapelle
Les bâtiments actuels ont été reconstruits au début du XVIIIe siècle, c’est durant ces travaux que fut édifié le monumental escalier suspendu du palais abbatial daté de 1846. La Révolution mettra un terme aux différents projets d’extension qui prévoyaient notamment la construction d’une nouvelle église. En 1793, les bâtiments sont revendus à la verrerie de Folembray. En 1835, 550 ouvriers verriers y travaillaient avant que le site ne soit racheté en 1843 par la Manufacture des Glaces de Saint-Gobain qui préféra y stopper la production, voyant d’un mauvais oeil cette concurrence à ses propres produits. De 1855 à 1860, le site devient un orphelinat pour les enfants pauvres du nord de la France sous l’égide de Monseigneur de Garsignies, évêque de Soissons. Deux ans plus tard, il est acquis par le Département qui le reconvertit en « asile d’aliénés » selon la terminologie de l’époque. C’est aujourd’hui un « Établissement public de santé mentale » (EPSMD de l’Aisne) qui peut accueillir jusqu’à 862 patients. Les jardins, la chapelle et l’escalier monumental, témoins de la splendeur passée de ce site séculaire, restent accessibles aux visiteurs.

Le psychiatre dandy...

Man Dette avait un frère, André, qui lui-même avait deux enfants, une fille et un garçon.
Le garçon, Albert, était devenu psychiatre et travaillait à Prémontré dans la forêt de Saint-Gobain.
Il s'occupait de jeunes enfants.
J'ai donc connu Albert lorsque j'étais tout jeune, vers mes 4 ou 5 ans.
Pour moi, il venait d'une autre planète et détonnait dans ce petit village picard. C'était un dandy cultivé, raffiné, délicat.
Surtout, je le voyais du haut de mes jeunes années et il m'impressionnait. Sa profession, son physique, sa voix grave au rythme lent, ses tenues, ses voitures d'une autre époque, la musique qu'il écoutait, tout m'emportait ailleurs, quelque part entre Londres et Rome...



Nous étions à la fin des années 60, début 70 et la substantifique moelle du rock et de la popular music, "la pop" sont comme un voyage initiatique, vecteurs de révoltes, d'affirmation de la jeunesse, de liberté. Sex, drog & rock n' roll!



Bitches brew (1970) Mati Klarwein


Je ne réalisais pas à quel point cette période était provocatrice et révolutionnaire et secouait le vieux pommier du jardin d'Eden qui pour la jeunesse, était tout à fait dépassé. Les pommes fripées de l'arbre avaient été remplacées par les substances toutes plus paradisiaques les unes que les autres, tout du moins...le temps de la montée...vers le ciel.
Et vers le ciel sont montées des étoiles irremplaçables.
Brian Jones, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Jim Morrison.



Le paradis n'était pas sur terre pour ces gamins de 27 ans.




Jimi Hendrix (ca 1970) Mati Klarwein


Sans oublier les Stones, Marianne Faithfull, David Bowie, Led Zep, Pink Floyd, le Velvet et quelques autres qui eux, par chance, ont survécu...on se demande comment!

Ainsi, quand je pense à Albert, je replonge dans mes jeunes années et je revois cette période prolifique, incroyable, irremplaçable. Un feu d'artifices!

dimanche 22 mars 2015

Fourdrain au siècle dernier


Vues de Fourdrain au siècle dernier

Vous trouverez ici les cartes postales et les photos que j'ai accumulées depuis une vingtaine d'années. J'essaie de les présenter en suivant un ordre, d'abord le panorama puis l'entrée du village depuis la route de La Fère, la place, l'église, la rue d'enfer et enfin la sortie du village et la route qui passe devant le château et qui conduit vers Brie.


Concernant les commerces et les métiers exercés à Fourdrain, on peut lire dans le Didot-Bottin de 1914 :
- scierie mécanique : Moreau (tenue par les grands-parents puis les parents de Man Dette, voir plus bas)
- agriculteur : Brincard
- marchand de bois : Cuvillier
- boulangers (2) : Devisot et Misson
- épiciers (4) : Beaudry, Bonnard-Leroy, Eschenbrenner, Misson et Mourin
- sabotier : Demaret
- vannier : Demaison
- alcools en gros : Bonnard-Leroy

Il y a alors 560 habitants et le maire est M. Baudry
Le train s'arrête à la gare de Crépy-Couvron distante de 5 km



Vues générales






La propriété Gruel et l'église


Carte-photo allemande (1914-1918)


Vue prise depuis la Route Nationale


L'entrée du village


Photo prise entre 1900 et 1905


Photo prise après 1918 (rail wagonnet à gauche)




Photo prise vers 1900 (on distingue le café hôtel
Bonnard-Leroy sur la place)


Photo de la Grande rue près de la place (1900-1905)
Maison des Baudry à gauche avec la grille


Photo prise au même endroit dans les années 20


La place, coeur du village


Intersection de la Grande rue et de la rue des
Vertes feuilles qui sera rebaptisée
rue des Vénocques (1900-1910)


La place au tout début du XX ème siècle


Photo de la Maison Eschenbrenner (café avec
billard - 1900-1905) située sur la place. Un puits
existait à cet endroit. La maison du "chat rouge"
n'est pas encore construite.


Même endroit quelques années plus tard, le café
est devenu une épicerie avec l'enseigne "produits
alimentaires"


La maison Bonnard-Leroy (1900-1910) avec, le café
et le billard sur la place. L'épicerie, bonneterie, mercerie
donnant sur le pignon gauche du bâtiment


Autre vue de la maison Bonnard-Leroy toujours
dans les années 1900-1910


Vue similaire avec arbres plus fournis


La même maison devenue le café avec
salle de danse Bonnet-Pargny


Vue prise depuis le dévers près de la place (après 1918)
On retrouve les rails vus plus haut dans la partie basse 
du village et les maisons endommagées


Vue prise du même endroit (1925-1930). Certaines
maisons ont été restaurées


Le café de la place dans les années 30 rebaptisé
hôtel-restaurant du Parc (voir ci-dessous la 
maison Desseaux, 1er hôtel du Parc)




La Grande rue (future rue Léon Gruel) depuis la place jusqu'à l'église



Vue prise un peu plus haut après la place (1900-1910)


Les allemands dans la maison donnant dans la 
grande rue, en face de la rue d'enfer (1914-1918)


La même maison dite de "tante Aline" 
en octobre 1918 photo annotée de M. Léon Gruel


idem autre vue


idem


Même maison dans les années 20 restaurée
Devenue la maison Desseaux (1er hôtel du Parc)



L'église, l'école, le Monument aux morts


L'église de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge de Fourdrain est un édifice imposant des XIIIème et XVIème siècles. Les bas côtés sont de 1841. De belles verrières décoratives ornent le Chœur et les transepts, son autel de style romantique est particulièrement remarquable. 



L'église avant 1914


L'église, la Mairie et l'école avant 1914


Photo allemande (1914-1918)


Photo Allemande (1914-1918)


L'église après l'explosion de la mine
en octobre 1918


Photo prise en novembre 1918


Photo prise en 1919


idem


Le Monument aux morts et l'église à partir de 1920


Inauguration du Monument aux morts en 1920
Carte-photo annotée par mademoiselle Chevreuil






Le Monuments aux morts et la rue d'enfer


Le facteur devant le Monument aux morts
et l'église dans les années 20


La rue d'enfer



La partie haute de la rue. L'école, toute proche explique
la présence d'écoliers (1900-1910)


Photo prise au même endroit par les allemands
le 1/09/1918


La rue après le départ des allemands après octobre 1918


Le milieu de la rue avant 1914


Le bas de la rue avant 1914



Propriété de Léon Gruel, grand relieur parisien



Maison de Léon Gruel avant 1918


Photo allemande De l'église et de la 
propriété Gruel (1914-1918)



Nouvelle propriété Gruel (après 1918)



L'étang de du bas du village appartenait à Léon Gruel


Vue de l'entrée de Fourdrain par la route de Brie (1900-1910)



Les étangs, biefs, moulins et vues alentour



Moulin à la brique (1900-1910)


Le Grand moulin de la famille Moreau situé entre 
l'actuelle RN et la rue du Lavier (route de Couvron)


Idem - autre vue


Vue rapprochée du "Grand moulin Moreau" (1900-1910)


Idem (1900-1910)


Ce moulin, situé de l'autre côté de l'entrée de Fourdrain à l'intersection des routes qui mènent à La Fère et à Couvron, a d'abord été la propriété de Henri, Alfred Moreau et de son épouse Marie puis de leur fils, Albert, Charles Moreau et de Léontine son épouse. Albert et Léontine étaient les parents de Man Dette. 
Pour ma part, j'ai connu la maman de Man Dette dont le petit nom était Man Nise, je me souviens surtout d'elle sur la fin de sa vie quand nous allions lui rendre visite dans sa maison de la rue d'enfer, en présence de Léontine et de Jeanne, ses 2 autres filles.




Carte postale du Grand moulin, années 20



Les Vertes feuilles



Les Vertes feuilles et la propriété Chevillon
devant le Mont de Joie (1900-1910)


Les Vertes feuilles et la chapelle du XII ème siècle qui a été
"massacrée" depuis (1900-1910)


Vue de la chapelle du XII ème siècle (1900-1910)
Comment a-t-on pu laisser des particuliers
toucher à un tel patrimoine?


Vue de la "route de Laon" prise par les allemands (1914-1918)



Vues de maisons de Fourdrain et Divers












Cartes-photos des années 1950



La nouvelle école et la Mairie dans le bas du village


La Grande rue avant la place. Maison occupée par
Man Dette à droite après le poteau. La maison
suivante était occupée par M. Muller


Enfants du village près de la place


Le Monument aux morts et l'église


Cartes postales des années 1960-1970









Photos plus récente du village





                                                 Entrée du village par la route de Brie


                                               L'église de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge


                                                    L'église et le monument aux morts


l'ancienne maison Desseaux (1er hôtel du Parc)


                                                                   La mairie et l'école



Ainsi s'achève cette promenade dans le temps à Fourdrain.